La guerre de Cent ans - Occupation anglaise

Le Rouergue n'avait guère été touché directement, aux débuts de la guerre de Cent ans, qui avait opposé les Plantagenet, à la fois titulaires de la maison d'Anjou et du trône d'Angleterre, au Roi de France.
La Sénéchaussée de Rouergue avait simplement contribué au conflit par l'envoi en Picardie et en Gascogne de 326 servants, fournis par les Communautés et les Abbayes : Brusque et Pont de Camarès avaient dû désigner, chacune, 4 hommes, Silvanés 5, alors que Millau en fournissait 40 ( 56 ).

Mais en 1351, les Anglais menacent notre province, l'ordre est donné de rebâtir ou renforcer les fortifications et faire le guet, nuit et jour.

Un peu plus tard, en septembre 1356, notre Roi Jean II ( Le Bon ) est capturé lors de la bataille de Poitiers et ne retrouve la liberté qu'en signant le Traité de Brétigny, comportant, entre autres clauses, la remise au Roi d'Angleterre, de l'ancien Duché d'Aquitaine et la terre et pays de Rouergue, en toute souveraineté.
Le 18 Février 1362, le sénéchal poitevin Jean Chandos prend possession de Millau au nom du Prince de Galles et l'année suivante " Lo dimars a VIII d'aoust sei foron los cossols de Santa Africa, de San Serni e da San Roma de Tarn e los prosomes del paratge de Vabra e de Rocacereira e de Montfranc e de Plazenza e de Brusca e del Pon de Camarès e del pariatge de Nonenca, e en senhen Aimeric de Nant per tracta que anaria vos Moss lo Princip, ne quel gracias demandariam al profiegt del païs e de Rosergue " ( 56* ).

Le Franc de Fayet

Un de nos contemporains : Michel Arnal, eut la surprise de découvrir dans son jardin une pièce d'or, très ancienne et en bon état, dont ci-dessous l'avers et le revers.
R.Aussibal l'a identifiée et datée, comme semblable à la première monnaie appelée " Franc ", qui aurait été utilisée pour payer la rançon du roi Jean le Bon, qui demeura, quatre ans, prisonnier des anglais ( 57 ).

La découverte de cette monnaie dans un terrain non bâti, au quartier dit de Bouat, de Fayet reste inexpliquée.

Les compagnies espagnoles d'Henri le Magnifique traversent le Brusquès

Henri II de Transtamare, chassé du trône de Castille, par son frère Pierre le Cruel avait reçu de Jean II en 1363 les fiefs de Cessenon, Thézan, Servian érigés en comté .

Quatre ans plus tard, ses troupes estimées à 4.000 cavaliers, venant d' Hérépian, avaient traversé " les montagnes de Brusque ", sans doute par le col de Coustel ou celui de la Croix de Mounis et dévasté le Camarès et le Larzac, encore aux mains des anglais ( 58 ).

La Baronnie de Brusque

C'est aussi, en cette année 1367, que la seigneurie de Brusque fut érigée en baronnie. Je n'ai pas retrouvé l'édit royal, qui concrétise cette promotion, mais compte tenu des circonstances, elle devait recompenser des témoignages de fidélité à la Couronne de France.

La domination anglaise fut courte, les consuls de Millau avaient écrit, en vain à ceux de Brusque pour les encourager à tenir pour les anglais, quand Bouchard de Vendôme, venu renforcer les troupes françaises, remporta la bataille de Montlaur (15 Septembre 1369), où le sénéchal anglais Thomas de Wetenhall fut mortellement blessé et ses troupes dispersées.

Malheureusement, la fin des combats n'entrainait pas le départ des routiers, - troupes mercenaires entretenues par les deux camps,- qui avaient déjà commis de nombreuses exactions dans tout le Camarès ( capitaine Nicola) et occupé la place voisine de Barre ( 59 ).

Vers 1371-1372, ce sont les partisans du comte de Foix qui s'affrontent avec les 600 lances du parti des Armagnacs, les consuls de Millau délèguent le frère Jouet, afin de s'assurer si les " Foyssencs " sont a Fayet ( 60 ).

" It a XVII d'abril fon trames fraire Jouet per saber se los Foissencs eron a Faiet ; estet II jorns, de que li fon paguat per cascun jorn am lo despes, car nos non trobavam home que lei volguès anar, e el près son mantel am lo reliquari de S.Antoni, afi que anes plus ségur ; monta so que n'a avut, al cal fon paguat : VIII sols IX d "

Ce n'est que quinze ans plus tard que Jean III d'Armagnac réussira à expulser les routiers ( 61 ).

Le second sceau consulaire

Une quittance du 22 Avril 1388, délivrée par les quatre consuls de la Communauté de Brusque : Guilhem Amielh, Guilhem Marnhagues, Bertrand Fabre, et Michel Gailhac à Guilhem Cocural, trésorier de Rouergue, porte en queue de parchemin (62) un cachet de cire rouge, de 25 mm de diamètre,portant au centre un écu représentant un chien et entouré des mentions " + S' COSOLS de BRUSCA."
Les consuls disposaient donc d'un autre sceau, que celui décrit plus haut ; sans qu'il soit possible de déterminer l'usage particulier de chacun d'eux, ni ce que symbolisait la présence d'un chien, au cœur du second sceau.

Un document tronqué

Dicta die
Johannes Fabri, de Brusqua, pro & nomine consulum & singularium ac universitatis de Brusqua, senescallie Ruthenensis,(quia eis),certis precedentibus informacionibus contra ipsos factis, impositum fuisset per procuratorem regium quod per aliquos ejusdem loci habitatores in magno numero congregatos armatosque diversorum armorum generibus, de dictorum consulum & consiliariorum & dicte universitatis mandato vel saltim ipsis consencientibus & opem prestantibus in hac ipsis consencientibus & opem prestantibus in hac parte, duos armorum .......
(la suite manquait déjà au dix-septième siècle)
Cette même année 1388, on peut relever dans les Preuves de l'Histoire du Languedoc, ce récit en latin ( 63 ) - voir fac-simile ci-contre - d'une levée en grand nombre des Brusquois, par l'un des leurs : Jehan Fabri, au nom de la communauté et par procuration royale, mais l'interruption volontaire ou accidentelle du texte nous prive des circonstances ayant motivé cette mobilisation.

 

 

 

Notes bibliographiques
( 56 ) de Gaujal, Etudes historiques sur le Rouergue, p. 178/179
( 56* ) Jean Delmas, dans al Canton Nant, p. 47
( 57 ) Robert Aussibal, Revue du Rouergue num 7 automne 1986
( 58 ) Devic et Vaissette, Histoire générale du Languedoc, tome IV, p. 789
( 59 ) Devic et Vaissette, Histoire générale du Languedoc, livre 32 p. 761
( 60 ) Archives municipales de Millau, CC367
( 61 ) Abbé Bosc, Mémoires pour servir à l'histoire du Rouergue, p. 244
( 62 ) Martin de Framond, Sceaux rouergats, AD Aveyron - C 1257
( 63 ) Preuves de l'Histoire du Languedoc