Bertrand de Brusque et la Septième croisade
Je n'ai pas vérifié si la famille de Brusque est représentée dans la salle des Croisades du Château de Versailles où Louis-Philippe fit inscrire les 738 noms de chevaliers français ayant participé aux croisades en Terre Sainte, mais on trouve, plus prosaïquement cet extrait d'emprunt passé à Acre ( 38 ), concernant un de ses membres :
" Sachent tous que nous Pierre d'Yzarn, Bertrand de Brusque, Guillaume Frotard, Pierre d'Alcor et Hugues de Morossio, chevaliers, nous confessons avoir reçu et reconnaissons avoir eu de Dominique de Telia et de Marco Ciconia, marchands gênois, deux cent cinquante livres tournois de bonne monnaie ;
Lesquels, le très illustre Seigneur Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse nous a fait prêter par les dits marchands, sous l'obligation de tous nos biens, par nous faite au dit seigneur comte, desquelles deux cent cinquante livres tournois, nous nous tenons pour payés et contens et en donnons quittance aux marchands susnommés "
" Et moi Pierre d'Yzarn, au nom des nobles hommes sus-nommés, j'ai scellé les présentes lettres de mon sceau. "Fait à Acre, l'an du Seigneur 1250, au mois de Juin
Divisée par cinq, la somme empruntée n'est pas considérable pour chacun des chevaliers, mais venant après l'investissement du passage et du séjour en Palestine, on peut légitimement voir dans cet emprunt la confirmation des difficultés financières qui ont fait abandonner, par la famille de Brusque ses fiefs principaux .
Succession de Raymond VII
Raymond VII mourut le 27 Septembre 1249, à l'âge de 52 ans, alors qu'il était en déplacement à Millau.
Son gendre, successeur désigné lors du traité de Paris, se trouvait en Terre Sainte, il n'en revint qu'en Octobre 1250 et prit alors effectivement possession du Comté de Toulouse dont la plupart des vassaux lui jurèrent fidélité, y compris ceux de Najac, qui s'étaient pourtant révoltés bien après Brusque.
Les quelques 21 années de la présence d'Alphonse de Poitiers et de Jeanne de Toulouse à la tête du Comté paraissent avoir atténué l'aversion de leurs sujets envers la Maison de France, ramené la paix dans notre pays et favorisé une certaine reprise économique.La Mine d'argent de Prat-Mansel
Bien moins spectaculaire que, par exemple, la création, de la Bastide de Villefranche de Rouergue, le Brusquès bénéficia, entre autres, dès 1269, à l' initiative de ses nouveaux souverains, de la mise en exploitation de la mine d'argent de " Prat Mansel " (tènement proche de la localité d'Argennoves, dans la commune de Tauriac).
Il est possible que la tradition orale ait déformé l'origine de ces travaux qu'elle attribue plutôt à l'époque de l'occupation anglaise ( 40 ).On ignore, de même, la date précise à laquelle le territoire de Blan fut détaché du Brusquès, mais un acte de Simon Molinier, notaire public de Brusque, de Juillet 1270, évoque longuement un procès, portant sur la dépaissance, survenu entre Bertrand de Brusque, son fils Pierre et les hommes de Blan d'une part et la Communauté ( Universitas) de Brusque d'autre part, représenté par trois consuls :
- Guillaume Molinié
- Guillaume Fabre
- Raymond Brun
La sentence arbitrale comporte l'attribution des lieux-dits de Bréone (Brenna), Castaigniers,( peut-être l'ancien nom de la Barraque) et Rouils (non identifié), au château de Brusque, alors que l'Adrech de Bréone est partagé entre Brusque et Blan.
Il faut en déduire que la séparation est antérieure à ce procès et qu'en outre, la famille de Brusque a du se défaire successivement, non seulement de ses fiefs de Saint-Caprasy, Drulhe, Montalègre, des mas de la Cadénède et de Vareilles, mais aussi de ses droits et biens de Brusque, pour se replier sur la Bastide de Blan .
On croit pouvoir discerner la cause de ces retraits successifs, non seulement dans ses élans de générosité à l'égard de l'abbaye de Silvanès et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ( 41 ), mais aussi dans les dépenses considérables entraînées par la préparation du départ de Bertrand pour la 7ème croisade.
Le Brusquès rattaché à la Couronne Royale - 1271
Le traité de Paris avait maintenu un semblant d'autonomie pour les dépendances rouergates du comté de Toulouse, mais aussitôt après le décès, presque simultané, d'Alphonse et de son épouse, survenu lors d'un pèlerinage en Terre Sainte, le nouveau roi Philippe III " Le Hardi ", sitôt intronisé, les réunit directement au royaume.
Nos devanciers étaient, désormais, directement, des sujets du roi de France
Le rattachement à la Couronne est , vraisemblablement, avec l'éloignement du pouvoir central, une des causes de l'émergence de nouvelles familles nobles ou aspirant à la noblesse.
Après les de Brusque et les Promilhac déjà cités, il est question dans l'ouvrage de de Barrau, d'une famille Baderon de Maussac, à rattacher vraisemblablement, aux donateurs de Mauzac (ancienne orthographe), évoqués page 13, à propos de Silvanés .L'un d'eux, Rostaing de Baderon parvint par son mariage, en Juillet 1295 , avec Ermessende fille de feu Guillaume, seigneur de Lodève, à étendre son influence au delà de Maussac et du Rouergue.
Notes bibliographiques
( 38 ) H. de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et hommes remarquables du Rouergue, t.1 p.125
( 40 ) Vivre en Rouergue num. 52 p. 49
( 41 ) H. de Barrau, Documents historiques et généalogiques sur les familles et hommes remarquables du Rouergue, t.1 p.126